16.12.10, 2306h (heure de Montréal…ou est-ce l’heure de Paris ? Ou tout simplement l’heure océanique/internationale puisque j’étais au dessus de l’eau ?)
Un corps. Appuyé, pressé contre le mien, doux, si doux, comme le baiser déposé sur mes lèvres par la suite, aussi parfumé que ses cheveux entremêlés aux miens, aussi bienvenu que la relâche qui vient enfin quand je me permets d’être moi-même.
On me demande souvent si j’ai un amant, un copain, un homme dans ma vie. Amant. Copain. Homme. Tout au masculin. Et à chaque fois, je me demande comment dire que c’est plus compliqué que tout ça, que les hommes – que j’apprécie, tout de même – ne me sont pas aussi désirables que les femmes.
Sa voix, qui chuchote tout doucement dans mon oreille. « Ca m’a manqué, ça », dit-elle, m’embrassant à pleine bouche, faisant courir sa main sur ma poitrine, respirant mon haleine comme j’avale la sienne, dos au mur tandis qu’à côté, les gens rigolent et parlent fort.
Comment expliquer, à ceux qui ne voudraient pas comprendre, pour qui c’est un tabou, qu’une femme puisse tant allumer le désir au plus profond de moi, faire gronder un feu internalisé depuis plusieurs années ?
Doucement, tellement délicatement, une main qui court le long de mon dos, l’expression de ce que je n’ai jamais raconté, l’ultimatum de l’interdit. Une femme, pour qui je suis autant un interdit qu’elle l’est pour moi.
Deux corps qui se pressent l’un contre l’autre, dans des gestes qui semblent les plus naturels au monde, sentiments authentiques et passionnés. Comment ce long baiser peut il être tellement scandaleux, quand il nous fait autant plaisir à l’une qu’à l’autre ?
Nous nous sommes parlées, nous deux. Poussée par deux amies, qui nous voyaient tourner en rond l’une autour de l’autre, comme deux lionnes qui n’osent s’affronter, mais qui sont toutes aussi jalouses et possessives, nous avons tournoyé autour de la question avant de nous placer face à face.
Honnêteté, admettre que je ne sais pas ce que je fais, que je ne sais pas comment aimer quelqu’un pour plus que quelques semaines avant de courir au loin, de crainte que je ne m’associe trop, honnêteté. Admettre, aussi, que ça va mal, que je suis une femme (qui aime les femmes et qui se fragmente) en mille morceaux qui voudrait tant me joindre à une autre, sentir une haleine sur mon cou et une autre main glissée dans la mienne, un corps contre le mien pendant que je rêve. Tout ça, dévoilé petit-à-petit à celle assise devant moi, pour que nous puissions nous dire que nous allons poursuivre cette histoire, au lieu de tourner autour du pot et voler des baisers dans des bourrasques de neige.
Petits messages échangés par l’intermédiaire de plusieurs écrans, pour que nous puissions nous attacher l’une à l’autre, parler un peu, se découvrir. Musique jouée dans des chambres closes, remarques échangées sur des filmes, petits sourires en coin des autres qui nous contemplent (et nous moquent peut être un petit peu, en douceur et avec amitié). Petits sourires aussi face à mon écran, interpellés par ma petite sœur qui me dit que j’ai l’air heureuse.
Petit gros secret dévoilé part à part à une famille qui se veut aimante sans limites, mais qui ne comprend pas toujours, et qui ne sait pas trop penser. Moi même, je ne sais pas trop quoi en penser, mais pour une fois, je me dis que ce n’est pas grave, et je laisse le temps passer, plutôt que le perdre à trop songer. On verra bien où tout cela mènera…
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