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N.B. Les textes sont placés du plus récent au plus vieux...
Pour pouvoir suivre la chronologie, le mieux est de commencer en 2007. Les textes qui commencent en 2009 sont peut être les plus crus et par conséquent, ce sont probablement ceux qui sont les plus choquants. C’est mon âme que je vous offre…

vendredi 28 août 2009

Engelure


11 décembre 2008, 22h23

15 décembre 2008, 19h13

22 décembre 2008, 00h08

13 mai 2009, 22h13

L’eau a gelée, la nuit dernière. La glace délicate forme une couche sur la surface de l’étang à côté duquel je passe. Les cristaux, tellement fins et géométriques semblent masquer l’opacité foncée de l’eau, comme un voile de verre posé pour cacher ce qu’il y a sous l'onde. Je regarde les lignes fines de la glace fraîche, et une bouffée de nostalgie et surtout, de fureur, me saisit. Comment peut elle être si belle ? Comment, quand je me sens si laide, si fausse ? Je veux ramasser une pierre et la jeter contre la glace avec toute ma force, avec violence, pour briser cette illusion de beauté et de perfection. Je ne peux pas supporter cette délicatesse, cette fragilité élégante. Il me semble que le monde entier devrait être laid et sale, autant que je me sens moi, aussi souillé que je le suis par mes pensées sombres. Je ne vais pas bien, le monde ne devrait pas aller bien non plus. Mais plus profond, dans l’inconscient, je sens que c’est quelque chose d’autre qui attise ma violence. Voir une profondeur être masquée par la glace me fait penser à toutes les choses que je masque, moi aussi, tous les jours. Des choses que je cache des autres, pour ne pas qu’on me regarde de biais et qu’on me trouve bizarre, folle, ou qu’on me traite avec pitié.

Des choses que je trouve sales, qui me dégoûtent. Comme que je ne veuille pas mourir, mais que je ne peux pas me décider à vivre normalement, que je suis déprimée tout d’un coup sans raison. Comme que j’ai regardé une lame de scalpel et que j’ai sérieusement voulu la ramasser et m’entailler peut être les poignets, que ce ne serait pas une tentative de suicide, parce que je ne veux pas mourir, mais que ce soit une tentative d’actualisation, l’expression physique d’un maux interne. Comme que les mots me manquent pour décrire l’impatience que j’ai de grandir, de franchir la porte, d’affranchir tout ce que j’ai pensé depuis si longtemps. Comme je ne sais même plus quoi dire pour tenter d’expliquer ce que je ressens, ce que je vis, au jour le jour.

Tout cela brûle d’un feu incarné, me fait mal à travers ma peau dure, et attise encore ma colère et mon mépris de moi même, de ma conscience et de mon corps, de mes pensées et de mes actions. Le froid qui avait gelé et engourdi tout ça disparaît lentement et la douleur arrive et s’insinue en moi. Elle est empoisonné, porte ma putréfaction personnelle, me montre comme je me sens, monstrueuse et manipulatrice. Comme une anorexique qui se regarde dans le miroir et se voit immense, je me vois pathétiquement désespéré, laide dans mon égoïsme qui m’autorise à rester si renfermée en moi même et si absorbée par ma petite déprime. Égoïste, ou folle, ou fatiguée, ou incertaine. On me rassure que ce n’est pas égoïste, j’accepte, mais je ne comprends tout de même pas pourquoi ou comment mon corps et mon âme retournent sans cesse dans ce cycle de désespoir, de noyade, de noirceur absolue et dévorante. Suis-je dépendante sur ma propre souffrance, une masochiste psychologique ? Cela pourrait se rapprocher de la réalité, mais je ne sais pas pourquoi je voudrais retourner dans cet état, pourquoi je voudrais revisiter une cage mentale, aux barreaux de brume, qui me retiennent d’une vie normale. Comme la glace qui se reforme, je suis recouverte lentement d’une couche fine de calme, un voile de vinyle métaphysique qui m’anesthésie un moment, pour que je puisse regagner mon calme travaillé, et que je puisse de nouveau sembler normale.

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