23 avril 2008, 21h38
Les gouttes tombent, glissent, coulent du ciel, frappant l’air de ma chambre de leur petit bruit régulier. La fenêtre est ouverte et un vent léger me caresse la nuque, perlée de gouttes de sueur froide, plus froide même que la pluie. Les rideaux levés, je contemple à travers le moustiquaire tacheté d’eau la faible lumière rosâtre d’un ciel qui devrait être noir et ma vision se brouille quand il glisse sur le grand miroir posé contre un mur. Je m’étends sur le futon qui me sert temporairement de lit et je m’étire, luxueusement, comme une chatte langoureuse. Mon regard glisse et tombe sur la couleur blafarde de mes hanches qui se détachent du drap rouge bourgogne, rendu noir par l’obscurité. Les os de mon bassin relèvent ma peau comme si c’était un tissu tendu sur des piquets et cette peau, qui paraît morte et pâle sous le peu de lumière est douce sous mes doigts, et elle frémit un peu sous le contact de mes doigts. J’arque le dos d’un mouvement fluide, et je deviens un croissant de lune à la forme pas tout à fait parfaite, les bras en ligne molle autour de ma tête Mes muscles et mes os prennent un moment à s’ajuster à cette nouvelle position et une grande torpeur m’envahit. Il serait tellement plus simple de m’endormir sans me réveiller que de devoir penser, et répondre aux exigences muettes imposées par les autres et par moi-même. J’ai l’impression de voir ma vie comme un album photo, les meilleurs moments capturés, les autres, cachés dans la brume du souvenir, mais omniprésents. Ils reviennent me hanter lorsque je me sens flotter trop haut, me rappellent à la réalité et me disent que non, je ne peux pas encore abandonner. Je me sens lasse, lasse de ce travail et enfin, je laisse mon physique reprendre le dessus, je permets à mon corps de m’imposer un repos, et je ferme les yeux. Peut être qu’un jour, je les ouvrirais à nouveau…
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