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N.B. Les textes sont placés du plus récent au plus vieux...
Pour pouvoir suivre la chronologie, le mieux est de commencer en 2007. Les textes qui commencent en 2009 sont peut être les plus crus et par conséquent, ce sont probablement ceux qui sont les plus choquants. C’est mon âme que je vous offre…

mercredi 5 décembre 2007

Autoportrait

En regardant le portrait sur le mur de ma chambre, plusieurs personnes m’y reconnaissent. C’est normal. C’est un autoportrait. En fait, j’en suis assez fière. Le dos est droit, formé par des ans de danse, les cheveux bouclent délicatement, mon chapeau plumé est posé à un angle coquin, cachant un peu mon œil gauche. Justement, les yeux. Parlons en donc. Le regard est distant, mais il exprime tout ce que je ressent en un battement des cils. Le maquillage a un peu coulé, les traits ne sont plus aussi fermes, mes pupilles vertes ou grises, dépendamment de la lumière. Ma bouche est entrouverte, faisant presque la moue. Elle semble murmurer quelque chose, peut être les paroles d’une chanson muette, sinon des protestations contre l’école. Je marche tête haut, je regarde le monde carrément, je vois ce qui se passe mais aussi, je suis facilement invisible, je disparais pour ceux qui ne veulent pas me voir. J’entends des secrets et des rumeurs, on me voit assise seule et on parle, sans se soucier de moi. J’ai entendu des choses sur pleins de personnes, des sornettes racontées sur des profs, des histoires d’élèves. Et toujours, je garde le secret. C’est comme si on ne voyait pas que je suis là, que je ne suis pas un meuble, que j’entends tout ce qui se dit. Ce n’est pas grave, souvent, ça m’amuse d’entendre ces choses que personne d’autre ne connaît. Mais parfois aussi, je envie de gueuler, de montrer que j’existe moi aussi, que je suis capable de tout répéter, même si je ne le ferais jamais. Mais revenons au portait. La bouche donc, moitié moue, moitié sourire. Un sourire un peu moqueur, comme si je ne prenais rien au sérieux. La tête haute, le cou droit, la pose qui semble indiquer une certaine sérénité. Sous la peau lisse, fragmentée par quelques boutons d’acné, les muscles travaillent a garder la même expression. Peut être vais-je éclater de rire, ou sinon, peut être que je vais me mettre à pleurer à fendre l’âme. L’un ou l’autre, ce n’est pas grave, ce portrait, je l’ai fait en plusieurs heures, et je suis maintenant encadrée, gelée dans le moment, emprisonnée par le temps. Ce portrait, comme celui de Dorian Gray, il se transforme avec le temps, je le retravaille de temps à autre. Je repasse sur une boucle qui a poussée depuis le premier dessin, j’ajoute un bouton et j’en efface un autre, je fais pétiller un peu plus les yeux ou au contraire, j’y ajoute une petite larme en coin. Et toujours, je note la date, pour montrer le temps qui passe et mon évolution. Cet autoportrait, il grandit avec moi, il se transforme au fur et à mesure que les années se succèdent et il prouve que malgré tout ce qu’on peut penser, je ne resterais pas toujours une enfant. C’est un portrait extérieur, mais il marque les saisons de ma vie. Il accumulera des rides, le papier cartonné deviendra moins lisse, les cheveux deviendront rares et pourtant, en le regardant, je pourrais toujours revoir l’enfant que j’ai été.

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